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Des origines anciennes

 

      Au regard des silex et des tessons de céramique trouvés à la périphérie de ce lieu-dit, l’ancienneté du lieu remonterait aux époques néolithique et gallo-romaine. Depuis plusieurs années les divers travaux de construction et d’aménagement autour de Maison Neuve font apparaître régulièrement des tessons de poterie médiévaux datables des XIIe-XIVe siècles, ce qui laisse à penser que cette ferme existait déjà au Moyen Age Central. Cependant la première source écrite mentionnant ce lieu vient du Minutier Central des Notaires de Paris dans lequel apparaît Roland Escoublet, laboureur à Maison Neuve, le 27 avril 1493.

 

Maison Neuve dans l’Ancien régime

 

            On connaît plus la ferme et le fief de Maison Neuve aux XVIIe-XVIIIe siècles. Les seigneurs de Brétigny en sont propriétaires depuis 1613 au moins, jusqu’à la Révolution. Ceux-ci louent à prix d’argent les terres et les bâtiments agricoles selon un fermage triennal (baux de 6 et 9 ans en général). Ces fermiers font souvent partie des personnes les plus riches et les plus influentes du village. Citons par exemple les Le Rahier, Pardé, Crécy, Pierre, Bruière, Mainfroy, Buard, et autres Cahouët. Ces derniers gèrent les plus grosses fermes de Brétigny, et sont de véritables « coqs de village » dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Sur les 200 arpents (100 hectares environ) des terres de Maison Neuve on cultive principalement les céréales. Base de l’alimentation de l’époque, la culture de celles-ci peut faire l’objet de très gros gains … comme de faillites à l’image de celle de Jean Cahoüet en 1765. On élève également des moutons dont les troupeaux comptent de 150 à 200 têtes environ, que l’on fait paître sur les jachères du plateau de Brétigny. On trouve à Maison Neuve tout un personnel de domestiques et d’ouvriers agricoles sédentaires ou saisonniers : servantes, bergers, batteur en grange, etc, qui viennent se louer pour les moissons notamment. Les bâtiments agricoles offrent le plan et l’organisation typique des fermes du Hurepoix et de la Beauce naissante, à savoir un plan quadrangulaire, une porte principale orientée au sud ou à l’ouest, des bâtiments construits tout autour d’une vaste cour centrale, une séparation entre les bâtiments d’habitation et agricoles.

 

Le devenir de la ferme sous la Révolution

        Au cours de la Révolution la situation des nobles devient précaire et nombre d’entre eux doivent émigrer à l’étranger. Le 14 avril 1792, l’Assemblée Législative décrète la vente de leurs biens comme biens nationaux. Face aux évènements, le propriétaire de Maison Neuve et seigneur de Brétigny, le prince de Montmorency-Robecq, se réfugie en Allemagne sous le prétexte d’une cure thermale. Il est donc considéré comme émigré et, en vertu de cette loi, sa ferme de Maison Neuve est vendue en 1795 au cours d’une adjudication publique. Dès lors et jusqu’à l’Empire Napoléonien, Maison Neuve sera achetée et revendue plusieurs fois par des spéculateurs dans l’espoir de plus-values juteuses.

 

 


Maison Neuve du XIXe siècle aux années 1950

        Au XIXe siècle, Maison Neuve reste une des fermes les plus importantes de Brétigny. Signe d’une certaine richesse, elle possède en 1820 un train de charrue complet avec ses chevaux et leur harnachement. Elle fut d’ailleurs propriété pendant plusieurs décennies des Marquis, importante famille brétignolaise qui donna un maire à la commune. En 1899, Lucien Clause s’installe à Brétigny sur la plaine du Mesnil. Peu de temps après, il utilise la ferme de Maison Neuve et ses terres agricoles pour ses expérimentations florales et potagères. Plus tard, en 1914-1915, Brétigny constitue une base de ravitaillement en arrière du front et plus d’un milliers de soldats sont cantonnés dans la ferme de Maison Neuve, occupant les granges et les champs alentours au grand dam du fermier qui se plaint aux autorités civiles et militaires de ne pas pouvoir moissonner, rentrer ses récoltes et battre le grain en cet été 1914. 

L’abandon et les transformations du site

             Maison Neuve restera en activité jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle, puis sera abandonnée ou presque. A cette époque la ferme est encore isolée de la ville par une vaste zone agricole. Mais depuis le début des années 1980, avec les travaux de construction du centre commercial Auchan puis de la zone d’activité de Maison Neuve, cette ferme se trouve noyée dans un tissu industriel et commercial de plus en plus dense. Ce qui était une des plus grosses fermes de Brétigny pendant des siècles est désormais démantelée et partagée entre plusieurs propriétaires privés et public.